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HannaH
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Message par HannaH Jeu 07 Déc 2017, 12:56
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Lorsqu'une jeune-fille promise à l'intelligentsia rejoint les rangs de la marge et du tapin.

Je préfère être franche. Si je me remets à écrire ce n’est pas pour dire n’importe quoi. Les lignes qui suivront seront violentes, polémiques, colériques, révolutionnaires, féministes et dégoutées. Moi-même, j’en tremble un peu. L’oppression millénaire qu’exerce le système patriarcal à l’égard de la classe des femmes a pipé les dés de mon existence dès la deuxième écho, m’octroyer le luxe d’en parler crûment me semble une revanche raisonnable.

Comment j’en suis venu à tapiner ? Ça ne vous regarde pas. Les constructions sinueuses de mon identité et de ma pensée politique sont étroitement liées à mon intimité et je ne souhaite pas en parler avec n’importe quel inconnu. Et puis, c’est vrai, j’aurais peur de vous décevoir : je n’ai jamais été immigrée sans papier, je n’ai jamais subi de sévices sexuels pendant mon enfance ou mon adolescence, je n’ai pas de maladie mentale, j’ai étudié dans des écoles nationales prestigieuses dans lesquelles j’ai été admise sur concours et desquelles j’ai été diplômée. J’ai réussi à me payer 7 années d’études en cumulant une bourse sur critères sociaux, les APL et des petits boulots. Pour une précaire je m’en suis plutôt bien sortie, sur la fin je mettais même le chauffage en hiver. Rien de spectaculaire donc.

J’ai commencé à tapiner pendant mes études. Ça n’a pas été un choix facile mais avant de vendre des services sexuels j’avais été serveuse, standardiste, caissière, baby-sitter, gardienne de salle de musée, ouvreuse au cinéma, employée de librairie, vendangeuse, femme de ménage et photographe pour Google, et aucun de ces jobs ne me permettaient d’être heureuse, ni de vivre correctement. Le « phénomène de la prostitution étudiante » c’est moi, donc. Mais ici les passes ressemblent à des opérations logistique/santé/sécurité dignes d’un soldat en mission, pas à une blondinette cambrée qui se caresse la bouche sur des draps en satin. Sorry not sorry.

Très vite, j’ai senti que l’on attendait de moi des émotions qui ne m’appartenaient pas. Pour coller à l’image du métier il aurait fallu que je me cache, que j’ai honte, que j’ai peur de tout un tas de choses, que je me sente sale et que mes clients me dégoutent… Je ne dis pas que tous mes clients méritent la palme du gentleman, loin de là, mais globalement j’ai eu de la chance, ils se sont comportés comme des mecs hétéros lambdas : fantasmes parfois dégoutants, courtoisie baveuse et abus de position dominante. La violence que j’ai vécu en tant que pute est une violence hétérosexuelle systémique, que j’avais déjà subi au sein du couple, de la famille, sur mon lieu de travail, ou tout simplement en marchant dans la rue. Pardon à ceux qui me lisent et qui considèrent la sexualité comme l’osmose de deux corps en fusion, ou à ceux qui ont la conviction qu’un couple résulte de l’union de deux personnes qui s’aiment dans le respect et l’égalité. Faites une bref inventaire mental de vos expériences et vous verrez très vite qu’il n’en est rien. Sacraliser le sexe, en faire un gage de loyauté, et considérer les sentiments comme une preuve d’équité ne nous mènera nulle part. Après Weinstein, [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien], [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] et Paye Ton Couple, il est temps d’assumer nos réalités. Or, je ne compte plus les fois où par amour, politesse ou simple dévouement à mon statut de femme, j’ai baisé à moitié désespérée en attendant que ça passe, et où – pour couronner le tout – personne ne me donnait d’argent en contrepartie, ni ne venait me demander si je me sentais souillée ou salie. Maintenant au moins les choses sont claires : je baise pour le taffe ou parce que j’en ai envie. N’en déplaise aux nombreux garçons à qui j’ai demandé de rentrer chez eux parfois tard le soir ou tôt le matin, simplement parce que je préférais dormir peinarde dans mon lit, et qui m’ont regardé avec des yeux ahuris, insistants, persuadés que je leur faisais une mauvaise blague en me refusant à eux. Non Messieurs, je ne vous dois rien. Je ne coucherais pas avec vous pour consoler votre orgueil ou pour vous faire plaisir, même si vous êtes gentils, même si vous êtes mignons. Je suis bien plus indépendante sexuellement depuis que je suis pute, la preuve que nous le sommes toutes un peu. Le reste n’est qu’une question de cadre.

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